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Two e-mails in disclaimer form /
Deux courriers électroniques en forme de mise au point
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Suj : ’Proteodies’ vs. music
(after a response to an e-mail from United States, july 2001)
Sir:
I did not "develop a theory of music-amino acid correspondence".
I already made a similar deny in a letter to the New Scientist which was
published on aug. 6, 1994, p. 50, as well as to the french magazine 'Courrier
International' which published it a bit earlier, on july 7th of the same year.
More precisely, man-composed melodies follow cognitive constraints of a
statistical nature which clearly separate them from sequences of frequency
intervals as they may be computed from protein elongation processes, whatever
(truly remarkable) properties they have in common on other grounds.
Therefore, the latter, when expressed in sound form, differ from
’music’, as they do from ’noise’. They are new stuff, which could not have
been processed before present genome sequencing, but which come to be now
- whether, in fact, or to which extent they should, may be open to debate.
Still, they have impressive, reproducible effects, observable at both
macroscopic and molecular levels, on in situ viruses, cells, plants, animals
- and people, who can exert appropriate control on them, thanks to their
audibility. But have to do it with great care.
Why? because unlike music as long as it falls in behind cognitive laws,
’proteodies’ as we call them may be quite dangerous if not manipulated
carefully. What may heal, may also harm, and whenever a metabolic cascade
is triggered, may not be that easy to reverse. In 1997, a color form
expression corresponding by ’chance’ to a short excerpt of an epileptogenic
GABA receptor, which was broadcasted on a japanese television program,
drove 700 children to hospital - the full sequence would have driven tens
of thousands (cf. Yomiuri Shimbun, dec. 25, 1997; Japan Times, apr. 4, 1998).
Such a risk, which is quite real, can only be increased by confusing publicity.
If you need yourself any more precisions, you may call me on tuesdays or
thursdays afternoon (Paris time), at my office number 33 1 55 55 86 78.
Yours
Joël Sternheimer
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Suj : Re : rencontres sur le son
Date : 20/03/01 (extrait de réponse par courrier électronique
à une offre de participation à une conférence)
Cher monsieur
Certes la musique me passionne... Cependant je ne puis souscrire
au titre que vous m’avez communiqué pour votre projet de conférence:
"le son: des phénomènes vibratoires aux dérivés musicaux". La musique
ne se réduit pas à un "dérivé" de son ou de phénomène vibratoire,
car entre les deux il y a un sujet qui s’exprime. C’est comme si l’on
disait que la fable du corbeau et du renard dérive du papier
sur lequel elle est imprimée.
Une mélodie peut être comprise de façon active (au sens physique du terme)
comme une suite de sons, et de façon passive comme un son dans lequel ’on’
change plusieurs fois l’unité de mesure de fréquence sonore: ’on’,
c’est-à-dire le sujet qui choisit l’unité, et qu’on ne peut évacuer.
Dans l’influence des ’musiques de protéines’ sur les plantes, ce qui agit
est non pas la vibration mécanique mais l’information contenue dans la
suite des intervalles d’une fréquence à l’autre, c’est-à-dire dans la donnée
des changements d’unités successifs effectués par la plante-sujet qui reçoit
ces sons. Le son n’est ici que le support de l’information, laquelle peut
être transmise sur d’autres supports de la même façon que le texte de cet
e-mail se passe de papier.
En ces temps de réification sauvage où le sujet est ouvertement occulté,
où les plantes sont transformées en objets dont on modifie le génome et les
vaches carrément massacrées pour rien, ce serait terrible que de vouloir
réifier aussi la musique, lieu du sujet par excellence, en la présentant
comme un ’dérivé’ du son! Si l’écoute d’un timbre particulier peut éveiller
l’envie ou le besoin de le développer en une mélodie, c’est parce qu’il aura
éveillé chez le sujet qui l’entend une sensation qu’il aura su exprimer:
bien sûr que la suite des notes reflètera (si le compositeur est ainsi
sensible) certaines propriétés de l’amplitude des harmoniques de ce timbre,
mais qui ne suffisent nullement à la déterminer.
Même si vous entendez par "phénomène vibratoire" l’émotion
qui accompagne la dérépression d’un gène et la synthèse d’une protéine
résultante chez une personne qui aura su en capter un écho ou un fragment
à l’intérieur d’elle-même, le résultat sous la plume du compositeur
ne pourra en être un simple dérivé à cause des limites propres à la cognition,
qui limitent drastiquement la longueur du fragment en question. Il lui restera
tout un travail d’élaboration pour produire une musique, qui pourra suivre
des lois mélodiques, rythmiques et harmoniques similaires, mais qui seront
nécessairement distinctes sur le plan cognitif: on s’en rend bien compte
lors des tentatives de mémorisation des ’musiques de protéines’ par ceux
qui les écoutent, qui diminuent toujours, et souvent à leur insu,
la quantité moyenne d’information par intervalle, soit en réduisant
ceux-ci, soit en introduisant des redondances, même relatives (c’est-à-dire
en répétant localement certaines séquences sur une autre tonalité).
En un mot, les objets peuvent produire des sons, les sujets
font de la musique...
Je serais heureux de développer ces éléments, mais dans une conférence
portant un titre qui ne les contredirait pas! Si vous voulez en discuter
plus avant, vous pouvez m’appeler au siège de notre association
(1 rue Descartes à Paris) le mardi et le jeudi après-midi au 01 55 55 86 78.
Bien à vous
Joël Sternheimer